Dans un contexte de digitalisation et d’internationalisation des parcours où les horizons géographiques et culturels se multiplient, il convient de considérer et reconsidérer la place de l’interculturel dans le Learning. Appréhender les variables culturelles des apprenants ne serait-il pas la solution à une stratégie pédagogique et un engagement apprenant réussis ?
approche interculturelle
L’approche interculturelle, quésako ?
En effet, l’adaptation sous l’angle des facteurs culturels est très peu mentionnée dans les stratégies pédagogiques d’internationalisation. Peu de littératures se font écho de cette problématique et aussi peu d’études traitent d’UX (expérience utilisateur) sous l’angle des enjeux liés à la culture. L’attention est plutôt focalisée vers les questions logistiques, réglementaires, linguistiques, technologiques.
Quand on évoque les différences culturelles, on reconnaît volontiers leur impact sur les pratiques d’apprentissage à distance. Les composantes culturelles conditionnent, influencent les représentations, les attentes et les aptitudes pédagogiques et agissent donc sur les leviers d’engagement, sur les pratiques et sur les expériences d’apprentissage.
Alors pourquoi les références culturelles ne sont pas suffisamment prises en compte ? Sans doute du fait de la complexité d’intégration et de la mise en œuvre concrète.
Les professionnels de la formation, confrontés à la nécessité de digitaliser leur parcours de formation au bénéfice du grand nombre, s’efforcent d’augmenter l’engagement et la proximité.
Dans cette dynamique, quid de l’intégration des orientations culturelles dans la stratégie Digital Learning ? Comment concilier les exigences stratégiques des organisations et les dimensions culturelles agissantes ?
Engagement apprenants à distance et facteurs culturels : quelles interactions ?
La question culturelle est au cœur des problématiques pédagogiques des entreprises internationales qui déploient des formations en direction d’apprenants géographiquement dispersés.
Les pratiques sont les plus diverses et les plus complexes à appréhender car empruntes des influences culturelles de leurs usagers.
L’approche interculturelle permet de se questionner et d’éclairer un des déterminants possibles de l’engagement des apprenants : Dans quelle mesure une spécificité culturelle peut-elle influer sur une préférence d’apprentissage en ligne ?
Ici la démarche consiste à corréler les dimensions culturelles avec des principes de la formation à distance.
Tentons de confronter des modalités digitales à des variables culturelles pour voir quelles
sont les résonances en termes d’engagement apprenant.
Parmi les nombreux déterminants du comportement de l’individu en situation d’apprentissage, la culture « géographique ». Oui la culture d’appartenance ou d’adoption, et surtout celle dans laquelle nous sommes immergés, en particulier le système éducatif dans lequel nous évoluons, éclaire nos tendances et appétences pédagogiques.
Le profil culturel des apprenants peut constituer une ressource précieuse pour les acteurs qui interviennent pour penser les solutions pédagogiques et pour accompagner les apprenants.
Oui la culture compte, même si elle n’est pas qu’une affaire de géographie !
En effet, l’éclairage par pays/ région est nécessaire mais non suffisante.
D’autres variables interviennent pour influencer les représentations, les préférences et aptitudes en matière d’apprentissage :
- Le métier, la culture professionnelle
- L’âge
- Le secteur d’activité
- Le niveau d’études
La prise en compte de ces facteurs implique des adaptations pédagogiques bien réfléchies.
Aux côtés des composantes culturelles, professionnelles et générationnelles, il y a des ressorts communs sur lesquels il faut agir également pour faciliter l’adhésion :
- Des principes de l’andragogie (et des travaux de Malcom Knowles) : l’engagement est conditionné par des objectifs pédagogiques précis et clairs, par la capacité de résolution des problèmes, des solutions directement applicables, opérationnelles, et par la liberté d’études au moment, au lieu et au rythme choisi
- Des principes du maintien de l’attention : diversité des activités, durée et rythme des séquences, gamification
- Du besoin de relation humaine : activités collaboratives, social learning, suivi et accompagnement humain
Quelles variantes culturelles peuvent agir sur les leviers des apprenants, sur leur capacité à s’engager
dans une aventure pédagogique ?
Les recherches dans le champ de l’interculturel ont permis de cartographier les profils de collaborateurs selon leur fonctionnement de prédilection. Des auteurs de référence comme G. Hofstede, F. Trompenaars, E. Hall, M. Sauquet, ainsi que des cabinets de conseils spécialisés, comme Akteos ou Berlitz, ont fournis des outils de questionnement et d’analyse sur des notions clés qui permettent d’interroger les comportements selon les cultures de référence.
Nous nous appuyons sur plusieurs de ces outils que nous croisons pour en extraire les référentiels qui nous semblent les plus pertinents au regard du Learning et des apprentissages.
Notre démarche consiste à confronter les dimensions culturelles et les spécificités du Digital Learning pour tenter d’identifier les points de résonnance pertinents du point de vue de l’efficacité des apprentissages.
A partir de plusieurs situations d’apprentissages à distance, nous déclinerons la question « telle modalité digitale offre –telle plus ou moins de chances de réussite à un public d’une orientation culturelle spécifique ? » Autrement dit, une modalité donnée est davantage perçue et vécue comme une contrainte ou comme une opportunité selon l’influence culturelle dominante de l’apprenant ?
Dans les modalités d’apprentissage suivantes, quels sont les facteurs culturels qui peuvent intervenir dans la réussite des apprenants ?
Cours e-learning asynchrone
- La relation hiérarchique
- La gestion de temps
- L’application de la règle
Classe virtuelle
- Les aspects de communication
- Les discussions dans le chat
- La relation hiérarchique
- La gestion du temps
L’apprentissage collaboratif et le Social Learning
- Le rapport aux relations professionnelles
- La participation au forum
- La notion de face
L’architecture pédagogique
- Le type de raisonnement
Quelques points de vigilance
Les niveaux de cultures sont en interactions constantes et ne fonctionnent pas de façon isolée.
Chaque variable pouvant résonner avec une autre, il est judicieux de les appréhender dans leur interrelation les unes aux autres.
L’influence de la culture nationale sur les comportements est à interroger et à relativiser. Tout le monde n’a pas le même niveau d’imprégnation de sa culture sociétale ou nationale.
En écho à ce que nous avons vu plus haut, chaque dimension devra être déclinée et mise en perspective en fonction du secteur d’activité, de la catégorie socioprofessionnelle, du genre, de la génération etc.
L’approche interculturelle dans la stratégie Digital Learning : comment l’intégrer et la mettre en œuvre ?
L’enjeu est de réussir à concilier les impératifs stratégiques des organisations et les dimensions culturelles agissantes, concilier le global et le local.
Mais comment s’y prendre ? Quel mode opératoire mettre en œuvre pour intégrer efficacement l’approche interculturelle dans la stratégie pédagogique ?
6 règles d’or sont à retenir pour l’intégration de l’approche culturelle dans un projet Digital Learning à l’international :
1. Interroger les cultures en présence, analyser la cible sous l’angle des variables culturelles
Identifier les pratiques, les usages, les comportements et les modèles d’apprentissages des usagers.
Notez que les données peuvent être issues de questionnaires d’évaluation préalable ou encore de tests soumis aux apprenants portant sur leur appétence, leurs habitudes, leur préférence et style d’apprentissages, leurs attentes. La seconde source d’informations provient des formateurs et accompagnateurs locaux, d’origine des pays cibles, qui mettront à profit leurs pratiques terrain.
2. Prendre conscience des similitudes et des différences
Le croisement de ces résultats apporte une connaissance sur les comportements dominants d’un public d’apprenants par pays (récurrence, tendance par groupe cible). Ces éléments permettent ainsi de dégager des réponses à des questions telles que : qu’est-ce que les apprenants ont en commun par-delà les frontières ? Quelles sont les usages spécifiques ?
3. Comprendre les ressorts, les influences
Mettre en place une méthode d’analyse, une grille de lecture, décoder : d’où viennent les traits observés ? Quels sont les éléments qui seraient liés aux personnalités, à la culture d’entreprise, au contexte national ?
4. Localiser ce qui est localisable
Désigner les plateformes en y intégrant des références culturelles et un environnement graphique en cohérence avec les cultures de destination.
Les contenus visuels et vidéos devront être adaptés aux références culturelles du pays.
Il est important de se nourrir des contenus locaux. Par ailleurs, dans les différentes étapes du recueil de besoins et de la qualification des apprenants, le passage par la traduction culturelle des concepts est essentiel.
5. Proposer des parcours modulables
Proposer des briques indépendantes pour tenir compte des différences dans les logiques d’apprentissage. Les raisonnements inductifs commenceront par des études de cas, des situations, des témoignages etc. et les esprits plus déductifs démarreront par les concepts théoriques, les perspectives historiques etc.
6. Accompagner et ajuster individuellement, la pièce maîtresse
Cette étape consiste à affecter à chaque apprenant un tuteur dans le cadre de sessions individuelles. L’objectif est d’assurer un accompagnement classique mais avec la particularité que le tuteur intégrera les connaissances culturelles dont il est natif ou qu’il aura acquise lors d’une formation à la communication interculturelle ou au décodage culturel du groupe cible. Ce système tutoral tout le long du parcours est clé.
Une version alternative serait de prévoir un temps de remédiation par zone géographique, assuré par un tuteur en présentiel ou en classe virtuelle.
Dans les deux cas, le tuteur ou mentor endosse la fonction à la fois de tuteur pédagogique et de médiateur/ traducteur culturel.
Celui-ci peut ajuster les ressources et sa pédagogie selon les leviers, les préférences et la progression de l’apprenant.
L’Adaptative Learning – parcours conditionnel qui recommande des contenus selon les
prérequis ou la spécialité métier de l’apprenant – est une méthode permettant de faire de la personnalisation, mais celle-ci ne recouvre qu’une partie de la connaissance du profil.
L’approche interculturelle enrichit cette démarche en élargissant le spectre des données
aux composantes liées à l’environnement culturel de la cible.
Les vertus d’une approche interculturelle dans le Digital Learning : un enrichissement mutuel
L’approche interculturelle ou « Glocale » dans le Digital Learning contient la promesse d’une rencontre fertile entre une diversité de références pédagogiques.
Que faire de cette réalité multiculturelle, sinon en exploiter l’expérience ? Interroger les cultures en interactions et exploiter la richesse des modèles d’usages.
Enrichir les portes d’entrée de lecture des comportements des apprenants représente une réelle opportunité.
Une approche co-constructive, en s’inspirant de modèles différents éprouvés ailleurs, en Afrique en Asie, en Amérique etc. Il y a des éléments novateurs et transposables. Le global nourrit le local qui lui-même nourrit le global.
Et si la démarche interculturelle était la solution des organisations, pour concilier les impératifs stratégiques d’internationalisation de la formation et les bénéfices d’un dialogue culturel fécond ?
Comme Olga, les TKLiens vous accompagnent et mettent à disposition leurs compétences le temps de votre mission.
Vous souhaitez acculturer vos équipes Learning & Development à l’approche interculturelle, ou intégrer cette démarche dans votre stratégie pédagogique, Olga et notre équipe sont engagés sur ce type de mission, sollicitez-les !
ContaKt • TKL Consulting (tkl-consulting.fr)
Olga, consultante ingénieure et conceptrice pédagogique, chez TKL consulting, auprès de grands groupes français.
Sa pépite : Animer, accompagner, mentorer et ingénierer les projets et les collaborateurs.